Ce matin là, le dimanche 11 novembre 2012, j’aurais dû me rendre sur le home spot, comme à l’accoutumée. En effet, à l’époque, compte tenu de ma faible connaissance des particularités des différents spots de Bretagne Sud, j’allais par défaut sur le beach break de la Côte Sauvage. Mais un « hot local » du quartier, qui se reconnaîtra peut-être en lisant ces lignes, m’avait conseillé la veille au soir d’aller explorer d’autres spots : Des spots moins accessibles, plus dangereux, plus sélectifs, beaucoup moins fréquentés… Mais ça paraissait être une bonne opportunité pour diversifier les prises de vue. Je décidais donc de suivre le conseil du lascard et me lançais dans cette quête de nouveaux placements et de nouvelles visions. Cette quête… dominicale, comme il se doit, démarra face à un premier reef qui ne fonctionnait pas. Mais cela ne compromettait rien car ce n’était qu’un sur une liste de cinq ou six. Et quelques minutes plus tard, en arrivant devant le spot suivant, j’aperçu un rider à l’eau. Il s’agissait de Yann Charron sur une droite qui s’enroule autour d’une pointe délimitant une crique rocheuse. Le guerrier était à l’eau en ce jour anniversaire de l’armistice. Enfin… guerrier en apparence compte tenu de sa silhouette de colosse et des caractéristiques des spots qu’il surfe, car Yann semble être un garçon des plus pacifiques. Les conditions de lumière étaient idéales sur les coups de 10h et quelques vagues de taille modeste cassaient sur le reef, comme on peut le voir ci-dessus. Mais tout à coup, une vague beaucoup plus consistante se leva, tel un mur. Une vague « overhead » voire « double overhead » comme disent les anglophones. Yann ne loupa pas cette offrande en chevauchant sa « Black Beauty » sur la bombe du jour. Pendant que Yann avançait vers le soleil, je déclenchais quatre fois pour immortaliser ce ride inattendu sublimé par la lumière rasante de cette belle matinée. Voici la séquence : |
On voit que Yann n’a pas pu faire de manœuvre et que le « mur d’eau » s’est finalement effondré sur lui. Néanmoins, le souvenir de cette vague lui fait quand même dire huit ans plus tard : « Trugarez braz houlenn !!!! ». Quant à moi, ces quelques secondes restent encore aujourd’hui un moment d’une grande intensité visuelle, quasiment de sidération compte-tenu de l’imprévisibilité de cette scène, qui plus est mise en valeur par toute la puissance de la lumière matinale. Ce dernier aspect revêt à mes yeux de photographe beaucoup d’importance dans la constitution d’une scène de surf de qualité. Les conditions de surf sont évidemment essentielles mais la façon dont la lumière éclaire la scène l’est tout autant. Ici, le sens du ride me donne le sentiment que Yann semble attiré, hypnotisé par notre étoile, comme invité à s’y connecter.
Quand à l’« indic » de la veille, voici son commentaire a posteriori : |
Ken tuch’. |
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SIRET : 792673972 00016
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